MY SUNSHINE | Critique du film de Hiroshi Okuyama (Cannes 2024) (2024)

Sur l’île d’Hokkaido, l’hiver est la saison du hockey pour les garçons. Takuya, lui, est davantage subjugué par Sakura, tout juste arrivée de Tokyo, qui répète des enchaînements de patinage artistique. Il tente maladroitement de l’imiter si bien que le coach de Sakura, touché par ses efforts, décide de les entrainer en duo en vue d’une compétition prochaine… À mesure que l’hiver avance, une harmonie s’installe entre eux malgré leurs différences. Mais les premières neiges fondent et le printemps arrive, inéluctable.

Critique du film

Du haut de ses 28 ans, le cinéaste Hiroshi Okuyama marche déjà dans les pas de son mentor, Hirokazu Kore-eda (présent lors de la première projection cannoise), en plaçant son récit à hauteur d’enfant. Six ans après son premier film (Jesus), il a les honneurs de la sélection Un Certain Regard avec My Sunshine, une oeuvre personnelle nourrie de ses propres souvenirs, dont il signe aussi le scénario et le montage.

Le film nous fait découvrir le jeune Takuya alors qu’il est distrait par les premières neiges de l’hiver en plein match de baseball. Pas complètement intégré dans son groupe de copains, il s’essaie malgré tout au hockey sur glace alors que l’hiver débute et rend impossible la pratique du baseball. Mais rapidement, l’essai ne s’avère pas concluant. Tandis que l’entraînement se termine, il est subjugué par la chorégraphie gracieuse de Sakura, une jeune patineuse qui semble apparaître sur la glace tel un ange sur Clair de Lune de Claude Debussy. L’enfant, rêveur et réservé, souffrant de bégaiements dont ses camarades se moquent régulièrement, reste sans voix, émerveillé.

La séance suivante, le phénomène se reproduit et il continue de contempler la patineuse gracile avant de s’essayer discrètement à quelques pirouettes. Le remarquant, attendri, l’entraîneur de l’adolescente se dirige vers lui en fin d’entrainement et lui prête une paire de patins plus appropriés que ceux destinés au hockey. Petit à petit, se prenant d’affection pour cet enfant insécure, il va l’entrainer bénévolement après les heures d’ouverture de la patinoire et lui apprendre à glisser, positionner ses bras et son corps afin de placer convenablement son centre de gravité. Cet investissem*nt semble faire renaître chez le coach son enthousiasme pour la discipline et il lui vient un nouveau désir : celui d’associer Takuya et Sakura pour les faire concourir en couple.

MY SUNSHINE | Critique du film de Hiroshi Okuyama (Cannes 2024) (1)

Taquiné par ses coéquipiers du hockey, qui l’observent lors de ses séances avec Sakura, Takuya assume son envie d’apprendre mais aussi d’impressionner sa nouvelle partenaire. Soutenu par ses parents, qui le poussent à choisir ce qu’il préfère entre le patinage et le hockey, il prend ses marques et fait de nets progrès. À mesure qu’il devient de plus en plus à l’aise, le garçon semble s’ouvrir davantage et gagner en confiance. C’est une première bouffée de tendresse qui vient enivrer le spectateur alors que Takuya se libère et que sa complicité taiseuse avec Sakura se développe.

Comment ne pas fondre d’attendrissem*nt devant ce récit d’apprentissage d’une candeur et d’une douceur réjouissantes ? Au-delà de cette charmante histoire autour des premiers émois,My Sunshine d’Hiroshi Okuyama raconte comment ces trois âmes solitaires trouvent du réconfort et offre des moments poignants de découverte de soi à travers la pratique du patinage artistique. Durant une saison de sport dans une petite ville de l’île japonaise, riche en paysages enneigés qui convoquent des réflexions poétiques, ce drame tranquille au charme modeste et fragile émerveille par son ambiance envoûtante et sa nostalgie inhérente aux premières vibrations de l’enfance.

Comme un conte éthéré, My Sunshine ressemble à une rêverie hivernale pour ses trois personnages, une période enchantée que la fonte des neiges ramènerait à la réalité, alors que l’orientation sexuelle de l’entraîneur vient remettre en question la complicité et la belle dynamique du trio. Le chemin idyllique se teinte alors de regrets en se heurtant à la manifestation des préjugés qui réduit certains efforts à néant, conduisant notre jeune héros sur le chemin des premières désillusions et l’entraîneur vers un nouveau départ. Son bel épilogue, mélancolique et doux-amer, vient réinjecter un peu de douceur pour conclure très joliment cette merveille de récit qui invite à chérir les moments les plus précieux.

25 décembre 2024 – DeHiroshi Okuyama, avecSosuke Ikematsu,Keitatsu Koshiyama,Kiara Nakanishi

Cannes 2024 – Un Certain Regard

Catégories

2024ComédieCoups de cœurDramaFestival de CannesLes feux de la rampeMade in AsiaTrès bon

Tagué

Cannes 2024critiqueenfancejaponMy sunshinepatinage artistiqueun certain regard

Ça peut vous intéresser :

PLAN 75VINGT-DIEUXLES PIRESTHE SHAMELESS

MY SUNSHINE | Critique du film de Hiroshi Okuyama (Cannes 2024) (2024)
Top Articles
Latest Posts
Article information

Author: Moshe Kshlerin

Last Updated:

Views: 6164

Rating: 4.7 / 5 (77 voted)

Reviews: 92% of readers found this page helpful

Author information

Name: Moshe Kshlerin

Birthday: 1994-01-25

Address: Suite 609 315 Lupita Unions, Ronnieburgh, MI 62697

Phone: +2424755286529

Job: District Education Designer

Hobby: Yoga, Gunsmithing, Singing, 3D printing, Nordic skating, Soapmaking, Juggling

Introduction: My name is Moshe Kshlerin, I am a gleaming, attractive, outstanding, pleasant, delightful, outstanding, famous person who loves writing and wants to share my knowledge and understanding with you.